S’opposer à la PMA pour toutes ne constitue pas de facto un enfermement dans une posture hostile au progrès. Une question aussi complexe qui comprend des aspects issus à la fois de la science, de la sphère de l’intime, du droit et de l’éthique ne doit pas faire l’objet d’un procès simpliste et obscène. Nous avons, au contraire, le devoir de nous affranchir de la dichotomie entre « réacs » et « progressistes » et de conduire un débat exempt de toute instrumentalisation partisane.
Aujourd’hui, la médecine dans sa stricte mission de réparation permet de corriger une incapacité ou une pathologie dans le cadre d’un couple hétérosexuel. La généralisation de la PMA consisterait à aller au-delà de cet objectif en remettant en question de manière radicale la nature même de l’intervention médicale. Il reviendrait ainsi à faire perdre à la médecine sa qualité curative et à établir un « droit à l’enfant » pour tous.
Dès lors, la satisfaction d’un désir d’avoir un enfant se placerait au-dessus de toute préoccupation quant à l’avenir de celui-ci. Pourtant, certaines inquiétudes sont majeures et doivent être placées au cœur de nos réflexions. La création, délibérée, d’orphelins de père ne peut être considérée comme un progrès pour la société.
Il est primordial de rappeler l’importance du rôle paternel dans le développement de l’enfant.
L’amour qui lui sera donné, aussi fort soit-il, ne sera jamais en mesure de pallier l’absence de représentation du père et la nécessaire altérité qui participe de la construction d’un enfant.
Méconnaître ou ignorer cela risque de générer des conséquences néfastes et des répercutions incertaines. Nous devons donc placer l’enfant au centre de ce débat en veillant à ce que la primauté des « droits de l'enfant » sur l’inconcevable « droit à l’enfant » soit sauvegardée.
Invoquer « l’égalité » comme fondement de la revendication pour la généralisation de la PMA à toutes les femmes me paraît inopportun voire dangereux. En effet, nous avons ici la responsabilité de ne pas confondre certaines notions en vue d’éviter de commettre des erreurs sur une question sociétale d’une telle ampleur. La procréation ne constitue pas un concept en rapport avec l’égalité. En l’espèce, il est difficile de penser que les hommes seuls puissent faire des enfants de même que les femmes seules puissent devenir parturientes sans intervention masculine.
La nature, telle qu’elle est faite, n’est pas dans « l’égalité » mais exige la complémentarité.